| Histoirε ...And What About My Story ?
Acte I – L’enfant-roi.Il était une fois…
Tous les contes commencent ainsi.
Mais s’il est vrai que beaucoup finissent par une happy end, ne vous attendez pas à cela ici. Ils ne vécurent pas heureux pour toujours.
Le prince charmant n’existe pas, tout le monde le sait ; et peut-être la belle au bois dormant est-elle déjà morte.Il était une fois un Petit Prince…Un Petit Prince aimé, choyé et protégé, vivant dans le plus beau des châteaux, entouré de parents aimants et heureux…
Jan Ludwig König naquit en plein hiver, le 13 Décembre 2000, aux alentours de 23h00, tandis qu’au dehors tombaient les premières neiges. Pour ses parents, jeune couple plein de rêves et d’ambition, rien n’aurait pu apporter autant de bonheur que cette naissance… Leur premier enfant ; l’aboutissement de leur amour.
Un petit angelot blond aux profonds yeux couleur de perle.
Toutes leurs joies, leurs attentions étaient maintenant tournées vers ce petit être fragile et délicat.
Et quand on aime, on ne compte pas, n’est-ce pas ?
En tout cas, le couple König appliquait cet adage à la lettre. Jan avait tout. Tout ce que ses parents jugeaient bon de lui offrir ; tout ce qu’il désirait, dès lors qu’il fut en âge de réclamer quelque chose. Tout. Il l’avait.
Et il était heureux.
Comment ne pas l’être dans une telle situation ?
Beaucoup auraient tout donner pour être à sa place.
Mais ça, il n’en n’avait pas conscience. Après tout, n’était-il pas encore trop jeune pour cela ?
Néanmoins, il y avait une chose qu'il réalisait : l’amour que lui portaient ses parents… Et le pouvoir que ses demandes avaient sur eux.
Et il grandissait, le Petit Prince, s’habituant à être le centre de ce petit monde…
Il grandit.
Jusqu’à atteindre ses 10 ans.
Jusqu’à ce que…
Acte II – La chute. Le reste est silence.Il était une fois un petit frère.Si mignon petit frère…
Il l’aima au premier regard. De tout son cœur, de toute son âme. Il était si petit !
Il fallait le choyer. Le protéger.
Il l’aimait…
Mais ses parents aussi. Eux aussi l’aimaient, le choyaient, le protégeaient.
Tant et si bien que Jan… Jan n’était plus le centre du monde.
Relégué au second plan, voilà ce qu’il était.
Oh, si peu… !
Mais suffisamment pour que, dans son petit esprit d’enfant unique et gâté, il se sente délaissé. Abandonné.
Cela arrive tous les jours, des familles qui s’agrandisse ! Mais à ce moment là, Jan aurait préféré que ça ne tombe pas sur la sienne.
Pas de doute, il aimait toujours son frère. Mais il en voulait à ses parents.
Regardez-moi ! Faites attention à moi ! REGARDEZ-MOI !Voilà ce qui lui venait à l’esprit.
Et il comptait tout faire pour être obéi.
A 10 ans, Jan fit sa crise d’adolescence. Ou quelque chose d’approchant.
Il devint insupportable. L’amour de ses parents ne suffisait pas à fixer leur attention sur lui ? Soit ! Il capterait leur regard par d’autres moyens. Bien sûr, à l’échelle d’un enfant de 10 ans, les conséquences n’étaient pas réellement contraignantes…
Sauf cette fois là.
Cette fois où il fit un caprice au beau milieu d’un repas en compagnie de gens importants.
Parce qu’ils ont fait du chemin, depuis la dernière fois, les parents. Ils sont patrons d’une grande entreprise, ils travaillent avec des clients étrangers… Et ils sont riches…enfin, encore plus qu’avant.
Ce jour là, il y avait un repas d’affaire. Des clients japonais, les plus importants.
Et Jan fit un caprice…Et Jan insulta l’un des clients. Autant dire que cela ne fit pas bonne impression. Autant dire que cela ne plut pas aux parents.
Ni à Jan, qui en subir par la suite les conséquences.
Oui, il avait eut de l’attention. Mais pas comme il l’aurait espéré…Il était allé trop loin.
Solution radicale : l’éloignement.
Depuis longtemps maintenant, Jan étudiait le japonais dans l’optique de reprendre plus tard – beaucoup plus tard – les affaires familiales. Eh bien, il était manifestement temps pour lui de mettre cela en pratique.
Il fut envoyé au Japon.
Oh, pas lâché dans la nature, bien sûr, mais inscrit au sein d’un prestigieux collège international, dans le but de le remettre dans le droit chemin.
Est-ce utile de préciser que ça n’a pas marché ?
Le caractère de Jan ne s’arrangea pas, bien au contraire. Il voulait rentrer, voir son frère, et appliqua pour cela la même tactique que précédemment…sans succès, une fois de plus.
D’enfant capricieux, Jan passa à délinquant miniature.
Il commença à enchaîner les petits délits.
Jusqu’à ce jour.
Jusqu’à cette rencontre.
Acte III – Le magicien.Il était une fois un sauveur.Il faisait froid, et la pluie tombait à verse depuis trois jours. Trois jours que Jan avait passé à ruminer dans sa chambre de l’internat. De quoi craquer.
Ce qu’il fit. N’y tenant plus, il s’était échappé du dortoir en pleine nuit et avait pris la direction d’un quartier réputé pour la violence de ses nuits. Endroit qu’il fréquentait de plus en plus souvent.
Il errait, ne sachant réellement que faire. Il voulait se défouler. De ce genre de cas, que faisait-il ?
A l’école, il s’arrangeait pour se retrouver en retenue. En journée à l’extérieur, il commettait des vols à l’étalage ou déclenchait des bagarres. Il était jusqu’ici rarement sorti de nuit. Il est toujours plus difficile de duper le gardien dans le silence qui y règne. Mais dans le cas présent, la pluie avait aidé son évasion et il était maintenant dehors, tandis que la ville entière s’offrait à lui.
Il inspira une profonde goulée d’air humide et choisit de laisser le hasard décider pour lui. Laissant aller ses pas sans but précis, il déambulait dans les rues, à la recherche d’une quelconque occupation.
Qu’il finit par trouver. Alors qu’il errait entre les buildings, son chemin croisa une petite impasse encadrée par deux sombres immeubles. Et dans cette ruelle, trois garçons de son âge environ, visiblement absorbés par une conversation tenue à voix basse. Penchés les uns vers les autres, ils jetaient régulièrement des regards nerveux aux alentours, comme par craintes d’être surpris. Jan esquissa un sourire.
Il les apostropha.
« Hé, les gars ! »
Ils se retournèrent brusquement.
« Vous êtes pas discrets, vous savez ? Y’a écrit ‘Magouilleur’, sur votre front, là ! »
Il rit. Là, c’est sûr, ils allaient essayer de lui taper dessus. Il savait bien qu’il n’aurait pas le dessus. Mais il savait aussi qu’il était capable de leur faire mal avant de partir en courant. Jan, il est doué pour la fuite.
Comme prévu, ils répliquèrent avec leurs poings.
Jan se lança à corps perdu dans la bagarre.
Ce fut lorsqu’un coup porté à sa tempe fit apparaître une multitude de tâches lumineuse dans son champ de vision qu’il jugea bon de tirer sa révérence. Ce qu’il s’empressa de faire sans plus tarder. Faisant mine de porter un coup, il fit brusquement demi-tour et s’enfuit sans demander son reste… Pour atterrir droit sur un quatrième larron.
Celui là semblait plus âgé. 16 ans au moins. Beaucoup plus grand que Jan, qui ne l’était déjà pas beaucoup pour ses 12 ans, il avait le regard sombre de quelqu’un qui n’hésite pas à frapper plus petit que lui.
Sheisse.
Et en l’occurrence, le plus petit, là, c’était Jan.
Etait-il un allié des trois autres ? Leur chef ? Allez savoir.
Quand Jan se réveilla, il était toujours dans la ruelle. Mais seul, cette fois.
La pluie tombait toujours.
Il avait mal. Pour ce qu’il en savait, il venait de prendre la dérouillée de sa vie.
Se relevant péniblement, il repris sa route, toujours sans le moindre but. Titubant et trébuchant à chaque pas, il peinait à reconnaître le décors et à aligner deux pensées cohérentes.
A bout de forces, il finit pas s’affaler sur les marches menant à l’entrée d’un immeuble. Il avait sommeil…
Il s’apprêtait à de nouveau sombre de le confort de l’inconscience quand apparut devant lui une paire de jambes. Qui devaient, de toute évidence, appartenir à quelqu’un. Aussi leva-t-il lentement les yeux afin de mettre un visage à cet individu. De longs cheveux qu’il avait envie de toucher pour voir s’ils étaient aussi doux qu’ils ne le paraissaient. Une peau pâle. Il semblait plus vieux que le grand de tout à l’heure, mais pas encore un adulte.
« Tu veux entrer ? » l’entendit-il prononcer.
Il hocha lentement la tête, n’ayant pas la force de parler.
Il s’appelait Kazuki. Kazuki Umezawa.
Acte IV – Apocalypse Please !Il était une fois la Fin du Monde.Les contes de fées, c’est vraiment du n’importe quoi. Les happy ends, ça n’existe pas. Pas dans ce monde, en tous cas.
Octobre. Encore et toujours de la pluie. Ça ce voyait comme le nez au milieu de la figure, pourquoi regarder la météo ?
C’est par ses petits camarades de l’internat que Jan apprit, pour cette histoire de typhon. Qui ne lui provoqua qu’un haussement d’épaule. C’est pas vraiment la saison, et alors ? C’est qu’un typhon parmi tant d’autres.
Ou pas.
Le sang, les cris, les débris, partout.
Le typhon était arrivé, comme prévu. On l’avait attendu un peu, puis les surveillants avaient décrété qu’il était temps d’aller dormir. Quelques soupires mécontents, puis on était allé se coucher.
Ce qui réveilla Jan, ce fut d’abord le bruit du vent.
Puis un craquement. Celui de l’arbre pas loin de la porte de l’internat qui venait de tomber.
Puis, des cris.
Puis, des craquements, encore. Cette fois, ça venait d’en haut. Le toit ?
Puis, les rafales. Le vent hurlant qui s’engouffre dans la chambre. C’était bien le toit, les craquements. Il s’est envolé.
Les cris, encore. Un instant, Jan eut l’impression qu’un géant avait attrapé le bâtiment et le secouait comme un panier à salade.
Puis, le néant.
A son réveil, seul le silence se fit entendre. La tempête était passée.
Mais le pire restait à venir.
Vous avez déjà entendu parler d’apocalypse ? De fin du monde…
Eh bien c’était à peu près ce que Jan avait sous les yeux lorsqu’il se réveilla.
Comment il se retrouva par la suite devant l’appartement de Kazuki, il l’ignorait. Il n’avait même pas pris la peine de chercher les autres survivants. Tout ce qu’il voulait en cet instant, c’était voir Kazuki.
Voir Kazuki, et oublier.
Lorsqu’une nouvelle fois il se réveilla sans se souvenir de s’être endormi, il n’était plus seul.
Il contempla un instant le visage endormi de son ami, puis retomba avec un soupir de soulagement dans les bras de Morphée. Tout irait bien, maintenant.
Acte V – Peter Pan.Il était une fois le Pays Imaginaire.Des nombreux événements qui survinrent par la suite, Jan ne se soucia pas.
Il avait essayé une ou deux fois de joindre sa famille, en Allemagne, sans succès ; et ayant entendu dire qu’il était impossible de sortir de la ville, il décida de tirer un trait sur le reste du monde. Une page de son histoire s’était tournée.
La suite restait à écrire.
Il ne resta pas plus d’une journée en compagnie de Kazuki, le temps de s’assurer que ce dernier pouvait se débrouiller seul. Puis il s’attela à une tâche qu’il s’était fixée. Retourner à l’internat, et retrouver ses camarades. Beaucoup venaient comme lui de l’étranger, et se retrouvaient donc coupés de leur famille, sans nouvelles et sans soutient. Ce que Jan refusait.
Il découvrit que nombre d’entre eux étaient restés dans les débris du bâtiment, ce qui en soit était une bonne chose. Pas besoin de parcourir la ville pour les retrouver. Sur son initiative, ils se rassemblèrent, et tous - ceux qui choisirent de ne pas suivre les quelques adultes de l'internat - décidèrent de rester ensemble pour faire face. Survivre était leur but, désormais.
Mais ils n’y arriveraient pas en restant ici.
Ce fut un petit de 10 ans qui trouva la solution. Tandis que beaucoup étaient restés les uns auprès des autres afin de s’occuper des blessés, lui avait choisit d’explorer ce qu’il restait de Tokyo et avait ce faisant une découverte remarquable. La tour Shibuya 109 était encore debout. Les débats ne durèrent pas bien longtemps, et il fut très vite décidé que ce serait le QG officiel de leur groupe. Un endroit où ils seraient en sécurité. Leur terre promise…
« Dites, lâcha quelqu’un, Vous avez pas l’impression qu’on est un peu comme les Enfants Perdus, dans Peter Pan ? »
Quelques rires d’approbation.
« Alors Shibuya 109, C’est l’Pays Imaginaire ! »
« Et Jan, c’est Peter Pan ? »
« Dit pas de bêtises » fit le concerné en lui ébouriffant les cheveux.
Ainsi étaient nés les Enfants Perdus.
On s’organisa.
A mesure que le temps passait, d'autres se joignaient à eux. A vrai dire, il y avait même déjà d'autres enfants au centre commercial quand ceux de l'internat arrivèrent. Presque inconsciemment, ils s'étaient rassemblés.
Les premiers mois furent les plus difficiles. Puis, la vie suivit son cours.
Petit à petit, certains trouvèrent du boulot. Jan aussi. Il ne se serait jamais cru capable de chanter devant un public, mais tout compte fait, il ne s’en sortait pas trop mal. Il commença à danser, aussi. Au départ, rien de très probant, puis, peu à peu, cela commença à faire partie intégrante de son « travail ».
Bizarrement, ça payait plutôt bien. Il faut dire que se distraire de temps à autre, c’est presque aussi important que se nourrir, dans ces conditions.
Ainsi passait sa vie, étrange petit prince, Peter Pan des temps modernes.
Oh, mais n’allez pas croire qu’il est subitement devenu gentil et prévenant du jour au lendemain. C’est tout de même de Jan qu’il est question. Il restait plus ou moins fidèle à lui-même.
Et l’est resté jusqu’à aujourd’hui.
Jan Ludwig König, à votre service.